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elektrochoc par cnt0

AntiDaté - La Guerre

Publié le 7 Juin 2017 par cnt0 in AntiDaté

La Guerre

 

Ils étaient par cargos des bidasses de tous bords

En habits vert kaki, en alliages de fer

Défendant par fierté un drapeau sanguinaire

Ensemble ils avançaient vers une horrible mort

 

Ils étaient par centaines, multipliés par deux

Car en face ils avaient pour aussi moches qu’eux

Une armée de conscrits de la contrée voisine

Et leurs canons teigneux pour protéger leurs lignes

 

J’étais au mirador en spectateur, je vis

Ceux qui bravaient l’effort inhumain du combat

Ceux qui suçaient la terre aux saveurs de tabac

 

Muni d’un appareil je pris photographie

D’un éclat de remord dans les yeux d’un p’tit gars

Lui qui jurait tantôt d’étriper ces chiens là

 

Des soldats bien rangés partis à l’aventure

En un éclair seulement il n’en resta qu’un tas

Dans un fracas sans nom l’orchestre leur joua

Le coup des sanglots longs des violons de l’automne

Ils empoissaient le souffre, la poudre, la friture

Leurs tripes dégueulasses sur l’atroce parquet

S’aplatissaient - Les mouches allaient se requinquer

Dans l’âcre odeur de sang, de sueur, de charogne !

 

De ma tour solitaire je suivais, je filmais

La mollesse des corps, l’extrême nudité,

Les plaies et les décès et leurs subtilités

 

J’avais vision dés lors au-dessus du charnier

Les destins déroulaient d’en haut comme des cordes

Sous les griffes acérées des dragons de discorde

 

- Ils ont vingt ans, trente ans, démolis par la haine

Un trou dans l’abdomen, un bras qui se promène

Leurs espoirs décimés sur l’échiquier sanglant

Sombrent dans la furie -Héroïques et violents !

 

Et les plus terrifiés seront les survivants !

Car ce n’est pas de vin qu’on les a arrosés

L’eau qui tâche le sol, ce n’est pas la rosée

Mais la larme qu’un père adresse à son enfant

 

Sur le champ de bataille : explosions de ferrailles

Bombardements aveugles, missiles, mitrailles

Pendant qu’hurlent les tanks au cor des funérailles

Dans l’infinie quiétude qu’on accorde qu’aux morts

 

Y’en a plein qui supplient qu’on leur règle leur sort

Les cadavres encore chauds se ramassent à la pelle

On dirait que le Diable en personne s’en mêle

Y a comme un rire crispant qui siffle entre les balles

 

Et les psaumes d’effroi viennent s’en prendre au ciel

Et les mille voix d’anges s’entrechoquent entre elles

 

J’étais au purgatoire, on s’y accumulait

Le cotonneux nuage attendrissait l’ambiance

Les tortures endurées avaient moins d’importance

 

Rien ne serait pareil : Cela fut entendu

Plus de couteaux dans l’dos, finis les coups tordus

Devrait-on justifier chacun de ses méfaits ?

Pendant que sur la Terre les autres s’égorgeaient !

 

Faisant place au silence : Un murmure affolé

Les ennemis unis dans la même impatience

Commençaient à maudire leurs présentes angoisses

 

Lentement languissait l’intenable rumeur

- Couplet trois fois maudit de la réalité -

Les âmes ressentaient comme une pesanteur

D'avoir pu perpétrer autant de cruauté

 

Y a ceux qui répondaient : Rien à me reprocher

Y’avait un pauvre gars à qui on a dit : Tue !

Y’avait là un infirme qu’avait pas combattu

 

Qui tenait sa conscience entre ses mains tâchées

Y’avait un général pour mille deux cent tondus

Qu’était bêtement cané le nez dans ses papiers

 

- D’une attaque cardiaque –

 

J’étais au purgatoire et ils se disputaient

A savoir qui étaient les premiers à tirer

Qui seraient les derniers et les traîtres pendus

 

Sur ces paroles amères on les a enterrés

Décorés méritants des posthumes médailles

Espérons que les cieux aient un peu de pitié

 

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